greenwashing, la stratégie de rockwool

La publicité mensongère de Rockwool

Rockwool communique sur ses produits avec de fausses affirmations. La communication de Rockwool est construite sur des mots-clés qui détourne de la réalité des modes de production.

Devant l’accès du chantier, Rockwool étale sa communication. Déc. 23

Article publié la 1e fois le 12 janv.21, actualisé le 12 déc.23

Les publicités de Rockwool comportent des contre-vérités en présentant la laine de roche comme un matériau d’isolation naturel, écologique et performant.

Un matériau naturel ?

Rockwool affirme que ces produits sont composés à 100 % de laine de roche, ce qui laisse entendre que le produit est 100 % minéral et naturel alors qu’il comporte jusqu’à 30 % d’additifs et autres matériaux. Certains de ces additifs sont très dangereux pour la santé et pour l’environnement tels que le formaldéhyde, les composés organiques volatils, les phénols, etc.

L’origine naturelle du produit n’est pas une garantie de qualité puisque les fibres minérales sont considérées comme dangereuses et non assimilables par l’organisme par le Centre international de recherche contre le cancer, ce qui induit une modification des procédés de fabrication à partir du début des années 2000 avec des fibres plus grandes réputées moins biopersistantes. Ces études ont cependant été réalisées sur la fibre seule et non sur le produit fini qui comporte de nombreux additifs toxiques. Rappelons qu’il faudra des décennies pour éliminer les fibres d’amiante, fibres minérales naturelles, qui sont encore la cause d’un millier de morts par cancer de la plèvre en France chaque année.

Recyclable à l’infini ?

Une autre publicité prétend que les produits Rockwool sont recyclables à l’infini. Or, seuls les déchets de production, c’est-à-dire ceux qui sont générés au sein de l’usine, sont recyclables. Les déchets de laine de roche issus des chantiers de démolition ne sont pas recyclables et finissent en centre d’enfouissement. Avec le procédé Rockcycle dont Rockwool fait grand bruit, 3 T de déchets propres issus de chantier ont été recyclées en 2020 dans l’usine de Saint-Eloy qui en produit 280 000, soit à peine 1 pour 100 000.

Des déchets industriels entrent dans la composition de la laine de roche mais cela n’en fait pas un produit plus écologique car les émissions de Gaz à effet de serre de la fabrication des isolants Rockwool sont considérables, que ce soit par l’énergie nécessaire à la production, par les émanations du produit lui-même lors de la cuisson, par le transport de la matière première ou par le transport des produits finis. En réalité, Rockwool ne fournit pas de bilans carbone détaillés de ses sites de production pas plus qu’il n’informe de l’origine de ces déchets industriels et de leurs compositions.

Un bilan carbone positif ?

Rockwool affirme que « pendant sa durée de vie, l’isolation des bâtiments Rockwool vendue en 2022 économisera 100 fois le carbone émis et l’énergie consommée pendant sa production. »

Avec cette affirmation, Rockwool attribue à la laine de roche des qualités qui sont celles de tout isolant : réduire les besoins en chauffage, contribuer au confort d’hiver comme d’été. Les critères utilisés par Rockwool sont donnés via une étude mentionnée dans le rapport de développement durable 1. Le calcul est effectué sur le principe ceteris paribus, c’est-à-dire d’après les variables choises, notamment un produit léger et une durée de vie de 50 ans.

La seule manière d’évaluer ce point de manière objective et vérifiable est de comparer le bilan carbone de l’isolant proposé par Rockwool avec des matériaux biosourcés. C’est la méthode proposée par Samuel Courgey d’Arcanne dans un courrier adressé à l’association. La méthode est basée sur les bases de données officielles (base INIES 2), base acceptée par les parties. Sur la base d’une production de 110.000 tonnes / an avec une densité moyenne de 71,25 kg/m², près de 9 M de m² d’isolant seront produits soit une émission de CO2 de 68.000 tonnes / an. Comparativement, en quantité équivalente, les matériaux biosourcés permettent de fixer 265.000 tonnes de CO2 soit un delta de 333.000 tonnes CO2.

Concernant les qualités d’isolant, il y a des matériaux dont les performances sont plus intéressantes : la laine de bois présente un plus grand déphasage, nécessaire pour le confort d’été ; les fibres végétales ont une plus grande pérennité ; la fibre de coton recyclée présente de meilleures performances acoustiques, etc. Et ces matériaux sont plus favorables aux économies locales.

Samuel Courgey ajoute que du côté de la consommation d’énergie, il y a un facteur 4 entre l’énergie nécessaire à la production de matériaux biosourcés et celle attachée à la production de laine de roche, toujours selon les données de la base INIES. Ainsi pour 110.000 tonnes/an de produits, l’énergie serait de 542 GWh pour Rockwool contre 155 GWh pour des matériaux biosourcés (en prenant 5 matériaux qui peuvent être produits en Hauts de France : paille, chanvre, cellulose, coton recyclé).

Un matériau résilient ?

Rockwool affirme que son produit est résilient au feu. Le terme résilience est ici dévoyé de son sens courant pour n’en garder que la définition physique : la capacité d’un matériau a reprendre son état initial après une déformation. Cela n’en fait pas un matériau favorable à la transition écologique.

Un matériau écologique ?

Rockwool joue sur l’image du Danemark, pays froid et humide, pour développer l’idée de confort intérieur. Pourtant, ni la roche ni la fabrication ne sont danoises. La laine de roche participe d’une économie extractive mondialisée qui vient en concurrence avec les ressources locales.

Greenwashing

Si la laine de roche présente des qualités médiocres, elle bénéfice d’une communication optimale basée sur des semi-vérités qui donne l’impression que le produit est naturel, sain et écologique alors qu’il représente tout ce que l’ancien monde peut avoir de pire : extraction de ressources naturelles, transports sur la Terre entière, transformation à très haute température, émissions de gaz à effet de serre, toxicité du produit et de ses composants, production d’un déchet ultime non réutilisable.

Ces publicités sont trompeuses, elles peuvent induire en erreur sur la nature réelle du produit, elles donnent des indications qui sont fausses car incomplètes ou biaisées comme par exemples :

– présenter le produit comme recyclable à l’infini alors que seuls les déchets de production sont recyclables ou bien

– présenter le produit comme naturel alors qu’il subit une profonde altération et reçoit des additifs ou encore

– prétendre que le bilan énergétique est positif alors que la production nécessite une grande quantité d’énergies et génère des gaz à effet de serre.

Il serait temps de changer de paradigme industriel pour développer des activités économiques ancrées dans leurs territoires de production, peu consommatrices d’énergie et de ressources et respectueuses de l’être humain et de l’environnement.

1 https://p-cdn.rockwool.com/syssiteassets/rw-f/telechargements/docs-par-themes/environnement-et-developpement-durable/rockwool_rapport_developpement_durable_2022_francais.pdf?f=20230426163649

la méthologie est explicitée ici : https://www.rockwool.com/group/carbon-impact/#methodology

2 https://www.base-inies.fr/iniesV4/dist/consultation.html