greenwashing, la stratégie de rockwool

Droit de réponse à la lettre adressée par Rockwool le 21 septembre 23 aux maires des communes de Grand Soissons

Rockwool tente de reprendre la main après l’appel aux Maires adressé par le collectif d’association contre Rockwool en adressant un courrier qui se veut rassurant mais n’en est pas moins mensonger.

Cet appel peut être consulté ici : https://www.lappelauxmaires.fr/

L’association Stop Rock Wool et Globe21 souhaitent apporter à ce courrier les réponses et les observations suivantes. Lors de précédents articles, l’association Stop Rock Wool a déjà décrypté les biais de communication utilisés par Rockwool pour les dénoncer :

Rockwool s’adresse aux maires des communes de Grand Soissons afin de les informer sur l’avancée de leur projet de construction d’unité de fabrication de laine de roche sur la ZAC du plateau à Courmelles.

  1. Rockwool tente de rassurer les élus en prétendant avoir obtenu l’arrêté d’autorisation et le permis de construire par les autorités compétentes.

> Pourtant des appels sont en cours en 2e instance, concernant ces décisions de justice relatives à l’arrêté d’exploiter, ainsi qu’au permis de construire. Rien n’est encore définitif à ce jour.

  1. Rockwool justifie l’innocuité de ses activités par le jugement du tribunal administratif d’Amiens qui aurait rejeté la totalité des arguments des associations dans les domaines de la santé, de la biodiversité, de la consommation des ressources (eau et électricité) ou encore de l’impact paysager.

> Le manifeste des médecins a démarré avec 29 médecins. Mais ils sont aujourd’hui 133 ! 133 médecins auxquels s’ajoutent des dizaines de professionnels de santé pour exprimer leur très vive inquiétude ! Et, ce sont bien les médecins et les professionnels de santé qui ont la compétence pour s’exprimer sur des sujets de santé.

> Rockwool met l’accent sur l’aspect sanitaire et omet de s’expliquer sur les surconsommations de ressources, de l’eau et des énergies. Il omet de s’expliquer sur la dangerosité pour l’environnement des déchets et des émanations.

> Rockwool oublie de se justifier sur l’absurdité du choix de ce site, éloigné des mines d’extraction, éloigné des centrales électriques, éloigné des réseaux ferroviaires avec toutes les conséquences induites en terme de transport et de carburant.

> Malheureusement, les autorités publiques sont en retard par rapport aux questions sur l’environnement ou la santé. C’est ce qui ressort d’années de politiques industrielles et énergétiques qui n’ont pas pris en compte les réalités du terrain. Il n’y a pas de seuil pour le formaldéhyde, le phénol ou l’ammoniac – les substances pour lesquels Rockwool deviendra l’un des premiers pollueurs français.

> L’Etat a été condamné pour inaction climatique en 2021 et n’a toujours pas changé de cap pour se conformer à la décision de justice. La réindustrialisation verte, au lieu de protéger l’environnement et la santé, permet toujours d’installer des activités polluantes au nom de la transition énergétique, pire elle vise également à écourter les procédures d’installations pour les ICPE.

> Face à cette inaction qui perdure, la Cour Européenne des droits de l’homme a été saisi par six jeunes Portugais qui poursuivent 32 états pour « inaction climatique » au nom du « droit à la vie » et du « droit au respect de la vie privée » inscrits dans la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme. L’audience a eu lieu le mercredi 27 septembre 2023.

  1. Rockwool prétend réduire les importations

> Pourtant, toutes les matières premières ont une origine très éloignée du site de production. Rockwool indique qu’il pourrait se fournir en matières premières dans des mines situées à environ 500 km pour ce qui concerne le basalte. Pour la bauxite, c’est plus compliquée (la Grèce ou l’Afrique de l’Ouest), quand aux résidus de sidérurgie, ils proviendront des bassins sidérurgiques très éloignés de Soissons, voire d’Europe centrale ou orientale.

> Ces matériaux seront acheminés par la route à raison de 100 allers-retours par jour et autant pour la distribution des produits finis vers la région parisienne et le Benelux. Ces consommations de carburants doubleront à elles seules les consommations énergétiques de Rockwool à Soissons. Rockwool estime les consommation énergétiques de production à 192Gwh/an (1,8 ce que consomme l’agglomération soissonnaise). Avec les consommations de carburants, il faut doubler ce chiffre (soit l’équivalent d’une agglomération de 80 000 habitants). Et encore, cette estimation n’intègre pas l’énergie intrinsèque1 du matériel utilisé et des matières premières.

  1. L’isolation des bâtiments est en enjeu fort pour lutter contre le dérèglement climatique

> En effet, aujourd’hui le secteur du bâtiment est en pleine mutation avec la RE2020. Le recours aux isolants biosourcés, puits de carbone, permet de réduire l’usage du carbone dans tous les secteurs que ce soit dans l’industrie, le bâtiment, les transports et le résidentiel / tertiaire. Ces isolants sont fabriqués dans des usines à énergie positive. Lors de la mise en œuvre dans le bâtiment, ils stockent du carbone. Les matières premières sont renouvelables et locales. Ils permettent d’économiser l’énergie non seulement l’hiver, mais aussi l’été.

> La stratégie de Rockwool consiste simplement dans le fait de verdir son image avec une communication que l’on peut qualifier d’écoblanchiment ou greenwashing.

> Rockwool insiste par ailleurs sur le caractère « firesafe », sous-entendu les autres isolants résistent moins bien au feu. Cela peut être vrai pour les isolants pétro-sourcés, tels que le polystyrène ou le polyuréthane, mais cela est moins vrai pour les isolants biosourcés malgré leur classement au feu qui peut paraître moins bon sur le papier. En effet, les isolants biosourcés peuvent se consumer entièrement. Mais ce qui compte, c’est le comportement au feu des matériaux, c’est-à-dire la rapidité de propagation et le dégagement de fumées toxiques. Et ce sont encore les matériaux pétro-sourcés qui ont le pire comportement au feu. Des tests au feu d’un mur en paille ont révélés que la température d’une pièce voisine reste longtemps supportable lors d’un départ de feu, ce qui permet aisément au voisinage de dégager les locaux. C’est la compression de la paille, sa densité et le bon déphasage, responsable également du bon confort d’été, qui lui permet cette prouesse. Selon les tests menés par le Réseau Français de la Construction Paille en 2010, la botte de paille enduite de chaux obtiendrait une classification B s1 d0, ce qui veut dire : B = faiblement combustible, s1 = produisant peu de gaz combustibles, d0 = ne produisant aucune gouttelette ou débris enflammés. La paille est donc également un matériau tout à fait intéressant en terme de protection incendie.

  1. La technologie électrique permettrait la décarbonatation de la France

> On peut parler de décarbonation pour le remplacement de fours au charbon dans une usine existante comme à Saint-Eloy-Les-Mines, mais pas pour l’installation d’une usine nouvelle. L’énergie électrique n’est pas décarbonée.

> L’argent promis à Rockwool devrait être mieux utilisé en soutenant des projets d’usines à énergie positive. Selon le célèbre adage « la meilleure énergie est celle que l’on ne consomme pas », choisissons alors une production d’isolant qui consomme peu d’énergie, dans des usines à énergie positive. 2

  1. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_grise ↩︎
  2. ↩︎

comme Ouatéco, un fabricant de ouate de cellulose pour l’isolation.

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